Sète, par les artistes

Sète n’en finit pas d’être une source d’inspiration.

A la fois vivier d’artistes et incubatrice de talents, peu de villes peuvent s’enorgueillir d’une identité aussi forte et d’un attachement viscéral des créateurs à la cité.

Quelques-uns d’entre eux témoignent de leur lien indéfectible à l’île singulière, de leurs anecdotes ou souvenirs de Sète, l’inspiratrice.

Sandra Mehl

Après avoir travaillé dans l’humanitaire et dans une collectivité territoriale, Sandra Mehl décide de se consacrer au documentaire et au photojournalisme. Il y a cinq ans, la Sétoise se lance dans la réalisation d’une série autour de la plage des Mouettes, quartier du Barrou, un lieu atypique, empreint de poésie et de souvenirs d’enfance liés à l’étang. « PS : Je t’écris de la plage des Mouettes » est un travail qui exprime en creux son amour pour les gens, pour les littoraux, et cet endroit en particulier, familial et populaire, propice à la fois à l’ancrage et à la rêverie. Une série photographique qui raconte son attachement à ses origines et à cette île si singulière à la culture 100% méditerranéenne. Une première expérience du travail documentaire photographique qui la conforte dans le projet de travailler autour de la thématique du territoire et des personnes qui y vivent. Depuis, le travail de la photographe a été récompensé de plusieurs prix dont la Bourse du Talent Reportage pour sa série « Illona et Maddalena » réalisée à la Cité Gély de Montpellier. Dans cette interview, la trentenaire évoque les débuts de son travail autour de la plage des Mouettes avec celui grâce à qui tout est arrivé : Jean-Louis Lambert, pêcheur et propriétaire d’une cabane au bord de l’eau…

  • Sandra Mehl évoque son lien à Sète

  • La plage des Mouettes et la cabane de pêcheur de Jean-Louis Lambert

Armelle Caron

L’histoire d’Armelle Caron s’est longtemps écrite à travers les voyages. Après un premier passage par Sète en 2001 -fraîchement diplômée de l’école supérieure d’art d’Avignon- pour le montage d’une exposition au Crac, elle part vivre aux 4 coins du globe pendant une dizaine d’années : Angleterre, Gabon, Irak, Guadeloupe, Hong-kong, Nouvelle Zélande... mais toujours elle finit par revenir sur l’île singulière, devient enseignante aux Beaux-arts de la ville en 2011 et s’y installe définitivement en 2012.

Depuis, dans un travail centré essentiellement autour du dessin et de l’écriture, le regard de l’artiste n’a cessé d’explorer les espaces géographiques et urbains et le rapport du corps à la ville. Dans une démarche à la fois originale et poétique, la jeune femme réinvente la cartographie traditionnelle.

Dans ses travaux les plus connus, elle « range les villes » ou fait « des îles avec des villes », segmente, découpe, aligne, classe et redistribue les fragments qui composent le plan des villes par forme et par taille. En 2017, elle a également sorti un livre, « Chambres », dans lequel elle évoque à travers des plans et textes courts, 56 chambres dans lesquelles elle a séjourné « d’aussi loin » qu’elle se souvienne, à travers le monde et à Sète. Un ouvrage à l’image de son travail, à la fois minimaliste et sensible.

  • Armelle Caron - Chambres

Christophe Cosentino

« Sète fait partie de moi et je fais partie d’elle », lance Christophe Cosentino dit "Tino".

Le plasticien a grandi entre le centre ville et le Quartier Haut. Avec modestie, l’artiste évoque son attachement à l’île singulière et à ses couleurs, lumineuses et changeantes, « cette palette magnifique » qu’il intègre à ses toiles hyper graphiques en noir et blanc. Avec passion, il raconte les « va-et-vient » de ses inspirations d’un sujet, d’un thème ou d’un geste à l’autre, les éclats de céramique qu’ils collent sur les tableaux ou sur les volets de bois qu’ils récupèrent dans la rue « parce qu’ils racontent des histoires », ses thématiques de travailleurs sur les quais, ou de marins qui voyagent et monnayent des histoires fantastiques… et toujours la mer, l’eau et les « tentacules machinesques ». Un langage pictural poétique et riche, et un regard à la fois attentif aux détails et tourné vers le large.

  • Christophe Cosentino - Sète

  • Christophe Cosentino - Saint-Louis

Jean Denant

Jean Denant est un artiste sétois pur sucre. Il a grandi à l’île de Thau entre les immeubles en béton, la zone industrielle en construction et  « les plus beaux couchers de soleil sur la lagune de Thau ». L’architecture dite « moderniste », comme espace en transition, en devenir, et la mer, deux perspectives qui marquent profondément l’univers artistique qu’il a développé par la suite. Aujourd’hui, à 38 ans, la renommée de Jean Denant est internationale et son ascension fulgurante. Pour preuve, c'est l’une de ses sculptures que François Hollande a remise en cadeau au roi du Maroc, Mohammed VI, lors d'une visite officielle le 15 novembre dernier, en marge de la COP22 qui se déroulait à Marrakech. L'œuvre intitulée Mare Nostrum avait à l’origine été repérée l'été dernier dans sa déclinaison horizontale par l’ancienne ministre de la culture Audrey Azoulay, de passage à Sète. Encastré dans le mur de béton d’un ancien bunker allemand sur la Corniche, le découpage monumental en inox brillant de « La Traversée », reproduit la géographie du bassin méditerranéen et reflète, tel un miroir, l’horizon bleu azur de l’île singulière. Commandée par la Ville, cette œuvre populaire à la beauté à la fois simple et sophistiquée a d’emblée séduit tout en retranscrivant à merveille l'univers artistique du Sétois.

  • « La traversée »

  • « Je suis un enfant du pays, cette ville m’a sculpté »

Aldo Biascamano

L’artiste sétois d’origine calabraise raconte Sète, sa Muse.

Le Sète de son enfance, sur la plage, 3 mois d’été durant, avec sa famille et son père, dernier pêcheur à la traïne de la cité portuaire. Le Sète qui fait voyager « à travers le monde entier ». Le Sète des rituels qu’il perpétue chaque été avec  la peïdolade, une recette de soupe de poissons héritée de la forte immigration italienne, qu’il cuisine à l’occasion de ses « grillades interdites », histoire de désensabler ses souvenirs d’enfance sur la plage. Le Sète du passé, du présent et du futur qu’il imagine, rêve et peint depuis 1983 ; cette fameuse « Mythologie du futur », où l’œuvre de toute une vie, à laquelle la Ville rend hommage à travers une commande publique d’une fresque monumentale en céramique prochainement installée sur l’un des murs du Quartier Haut, où réside depuis toujours ce plasticien délicat et lunaire. Un hommage à l’artiste qui célèbre Sète, sa Muse.

  • Aldo Biascamano évoque son enfance à Sète

  • Fresque Biascamano